30 mars 2021

Santé scolaire : une grande victoire pour les élèves !

Vent debout contre le projet de transfert de leurs compétences aux collectivités territoriales, les infirmières scolaires, soutenues par la FCPE, ont fait plier le gouvernement ! Une grande nouvelle, car le caractère national de la santé à l’école donne l’assurance d’une équité territoriale, et surtout répond aux besoins des élèves et de l’ensemble de la communauté éducative, traduits par 18 millions de consultations infirmière réalisées chaque année.

 

 

Pour en savoir plus, Article FCPE ; Article du Monde

19 mars 2021

Rixes entre adolescents : phénomène croissant ou sensationnalisme médiatique ?

Article publié sur le site FCPE


Depuis plusieurs semaines, les violences entre jeunes défraient la chronique. Que sait-on précisément de ce « phénomène » ? Et que dire de la manière dont les médias s’en emparent ? Interview de Laurent Mucchielli*, sociologue, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l'Université d'Aix-Marseille et président du conseil scientifique de la FCPE.

Les médias ont relayé ces dernières semaines plusieurs rixes entre adolescents ? Est-ce un phénomène nouveau ?

Laurent Mucchielli : Non, c’est au contraire très ancien. Sans remonter aux sociétés rurales d’autrefois, ce phénomène a accompagné toute l’histoire urbaine, en particulier dans la région parisienne. Au tout début du 20è siècle, les médias appelaient ces bandes « les Apaches », en référence à l’imaginaire de la sauvagerie de l’époque. À la fin des années 1950, une nouvelle panique politico-médiatique eut lieu autour des bandes de « Blousons noirs ». Puis dans les années 1970 et 1980, on les appela surtout « les Loubards » ou « les Zonards ». Renaud et Balavoine en parlent dans leurs chansons, par exemple. À partir des années 1990, on a parlé des « jeunes de cités », etc.

Ces rixes se distinguent-elles par l'augmentation de leur fréquence ou leur degré de violence ? 

LM : Non plus. Cela fait partie du discours convenu qui est plaqué sur ces phénomènes à chaque fois. Ils sont toujours « plus jeunes », « plus violents », ils ont toujours « de moins en moins de repères », etc. D’où le petit trait d’humour que j’utilise parfois en disant que, si à chaque génération les jeunes étaient toujours « de plus en plus jeunes et de plus en plus violents » depuis 150 ans, alors on devrait voir bientôt les nourrissons braquer les banques… On devrait aussi voir le taux d’homicides exploser. Or, ce n’est pas du tout ce qui se produit. Tout ceci n’est pas sérieux.

Comment jugez-vous le traitement médiatique de ce phénomène ?

LM : Ce n’est pas politiquement correct de le dire mais la réalité est que la très grande majorité des médias n’informent pas parce qu’ils ne font plus d’investigation. Ils sont totalement dépendants de deux sources : d’une part le fil de l’AFP, d’autre part les communiqués de presse du gouvernement. Ne produisant aucune réelle information, ils ne font que répéter, paraphraser, accumuler les commentaires convenus, les généralités de circonstance et les jugements moralisateurs. On le voit très bien aussi dans la crise du Covid.

Comment expliquez-vous qu'il ait trouvé un tel écho ?

LM : Le phénomène « bandes de jeunes » convient parfaitement aux principaux médias. Il permet de faire du sensationnalisme, de s’inscrire dans le registre de l’émotion et de l’indignation. Le mécanisme est toujours le même. On braque le projecteur sur deux ou trois faits divers criminels. On ne les analyse pas vraiment parce qu’on en n’a pas le temps (il faut en parler tout de suite). On plaque dessus des généralités préexistantes. Et pour finir, on relaye les déclarations du ministre de l’Intérieur qui annonce qu’il enverra des renforts policiers. C’est toujours pareil.

Quelles sont les causes principales de ces rixes selon vous et quelles réponses faut-il y apporter ?

LM : Il existe de nombreux phénomènes que ces discours médiatiques et politiques amalgament dans l’expression « rixes entre bandes ». Et il existe de nombreux motifs à leur déclenchement, contrairement à ce que racontent les syndicats de police qui déclarent souvent que tout cela est lié « aux trafics de drogues », ce qui revient à amalgamer les rixes entre adolescents et les règlements de compte entre malfaiteurs. En réalité, la plupart des jeunes concernés par ces bagarres collectives n’ont pas d’antécédents. Il faut donc élargir le spectre de compréhension. Les dettes d’argent ou les représailles de vols ou de dénonciation peuvent bien entendu constituer des mobiles. Mais les jeunes peuvent « s’embrouiller » pour de nombreuses autres raisons comme les rivalités amoureuses qui conduisent à des insultes et des atteintes à la réputation.

En outre, certains affrontements ont une dimension territoriale. Certains jeunes s’identifient à leur quartier, prétendent en défendre l’honneur mais cherchent aussi, voire surtout, à s’affirmer eux-mêmes. Souvent, ces « leaders » sont des adolescents en grandes difficultés (conflits intra-familiaux, échec scolaire) qui investissent un rôle revalorisant.

Enfin, il faut tenir compte de la rapidité avec laquelle ont lieu ces événements du fait de l’usage majeur et massif des réseaux sociaux par les adolescents de nos jours. Là où les phénomènes se déroulaient sur quelques jours il y a encore vingt ans, ils surviennent désormais en quelques heures. La présence des adultes sur le terrain et leur capacité de mobilisation rapide et concertée (Education nationale, parents d’élèves, associations locales, éducateurs, policiers) sont donc plus déterminantes que jamais pour prévenir la transformation des embrouilles verbales en affrontements physiques.

INFOS PRATIQUES

Laurent Mucchielli a récemment dirigé un numéro spécial de revue "La délinquance juvénile : réalités et prises en charge", Insaniyat. Revue algérienne d'anthropologie et de sciences sociales, 2019, n°1-2, à consulter gratuitement sur journals.openedition.org/insaniyat/20154.

6 décembre 2019

L'adolescence, cette période "désynchronisée des rythmes d'adultes"

Sommeil chaotique des bébés, horaires scolaires ou adolescence, la synchronisation des rythmes parents-enfants est une difficulté éducative bien partagée. Retour avec l'anthropologue David Le Breton, sur les contradictions qui opposent parfois le temps des adolescents à celui des parents. Il étudie depuis des années l'âge adolescent, le rapport particulier au risque qu'on peut avoir à cet âge. Voici l'interview qu'il a donné sur France Culture à Louise Tourret à l'occasion du 35e Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis, dont le thème est l'éloge de la lenteur, le 26 novembre dernier dans l'émission Etre et savoir. Elle lui a demandé ce qui, à ses yeux, particularisait la notion du temps des adolescents.  

Louise Tourret : La perception du temps vous semble-t-elle différente selon les âges de la vie ? Quelle serait la particularité du temps des adolescents ?


David Le Breton : Le temps adolescent est vraiment rivé sur le présent, avec une grande difficulté à intégrer l'avenir. Pourtant, je pense que beaucoup d'adolescents vivent des journées relativement contrastées, avec des moments d'hyperactivité, des moments de suspension, d'autres d'oisiveté. En quelque sorte, des moments d'accélération et de ralentissements. Ce qui me paraît être l'une des grandes caractéristiques de la temporalité adolescente, c'est la désynchronisation. C'est-à-dire un refus des temporalités et des ritualités adultes, un refus de l'hétéronomie et une volonté de vivre un temps à soi. Même si ce temps va être en décalage avec celui des parents ou des frères et des sœurs, et même si cette désynchronisation risque fort de perturber profondément les rythmes familiaux. Le jeune impose de cette manière son
désir d'autonomie, d'indépendance. Il exprime son originalité, il exprime son souci de voler de ses propres ailes.

L.T : Le contrôle du temps des enfants (et plus particulièrement des adolescents) vous semble-t-il être un enjeu éducatif important ? Cette importance est-elle renforcée par les normes éducatives contemporaines ?

Ce n'est pas toujours facile à gérer pour les parents, mais aussi pour les enseignants, pour les animateurs, pour les entraîneurs sportifs, éventuellement. En outre, les nouvelles technologies multiplient le rapport au temps. Elles favorisent des échappées belles, des manières de s'extraire des rythmes sociaux qui lui sont extérieurs en s'immergeant dans son propre temps, en multipliant les mondes qui peuvent être contenus dans le temps à travers un zapping permanent, à travers une quête d'ubiquité. Multiplier les mondes, être partout à la fois. Ne plus être limité par l'espace, par un emploi du temps, mais essayer d'être d'une certaine manière, partout à la fois.

Il y a une contradiction nette entre le temps des adolescents et le temps des parents. Le temps des parents, c'est aussi un temps d'adulte qui inclut en permanence l'avenir, l'organisation des tâches, donc la projection dans la durée. Mais surtout aussi dans leur responsabilité éducative. Les parents ont le souci de l'intégration sociale de leurs enfants, qui les amène parfois à une espèce de tyrannie des résultats scolaires ou des projets.

C'est une surveillance inlassable du temps de l'adolescent, alors que lui a du mal à voir au-delà de l'instant qu'il vit ou au-delà même du jour. Il faudrait donc construire une espèce de dialectique, dans cette reconnaissance du temps de l'adolescent qui est vraiment immergé dans le moment qui est là, et le temps également des adultes. L'enfant ne va pas toujours vivre dans l'éternité du présent. Il doit également préparer son avenir. Pour autant, il ne faut pas que le temps des parents déborde complètement, s'impose à lui et se transforme en une sorte de tyrannie que l'adolescent risque fort de freiner de mille manières différentes.

Vous avez fait l’éloge de la lenteur. Lenteur et jeunesse sont des termes qu’on a du mal à accoler, qu’en pensez-vous ? 

L’adolescence est aussi l'âge de la vitesse, c'est le moment où ils cherchent à s'échapper, à trouver leur marge d'autonomie et leur liberté. Pourtant ils prennent leur temps, littéralement, en s'en emparant à leur manière, en choisissant d'en faire l'usage qu'il leur convient, par exemple en déréglant leur rythme veille - sommeil. Et c’est une période de la vie où les adultes vous parlent beaucoup d'avenir, alors qu'il est précisément difficile de se projeter dans le futur. Mais ne pas prendre le temps c'est se priver de la rêverie qui est tellement importante pour un adolescent, qui doit fantasmer et plonger dans son monde intérieur. Car quand on va trop vite, on n'a pas le temps de prendre en compte la complexité des choses. Lorsqu'on emmène des jeunes mineurs en difficulté faire de très longues marches, ils s'ouvrent au monde et à la conversation au regard des fulgurances des réseaux numériques.

23 novembre 2019

Burn-out scolaire, nos ados vont-ils craquer ?


Dans un article passionnant, Télérama analyse le phénomène du burn-out scolaire, témoignages à l'appui.
L'occasion de s'arrêter sur ce sujet, qui touche de plus en plus de jeunes.


« A la fin de la 5ème, ma fille s’est plainte de maux de tête. Elle vomissait tous les matins, faisait des malaises. Impossible d’aller en cours. Ca a été très soudain », nous expliquait Odile Mandagaran, présidente de l’association Phobie scolaire en janvier dernier.
Dans un article publié le 12 novembre, Télérama s’intéresse au phénomène du burn-ou
t scolaire – qui touche souvent de très bons élèves.
« Malgré ses 17-18 de moyenne, elle se trouvait nulle » nous indiquait Odile Mandagaran à propos de sa fille.
« Juliette rate systématiquement ses devoirs sur table, quelle que soit la matière. Jusque-là abonnée aux très bonnes notes, Juliette le vit comme une tragédie absolue » lit-on aujourd’hui dans l’article de Télérama. Interrogée par le magazine, la psychothérapeute Béatrice Millêtre note que le phénomène du craquage scolaire est en constante augmentation. « Jusque très récemment, je recevais environ un jeune par an pour des problèmes de craquage nerveux, de dépression ou de burn-out. Ils sont désormais plus de cinq par semaine à passer ma porte. »

L’idée d’aller en cours tétanise

Toujours dans le même article, la pédopsychiatre Hélène Denis, qui dirige au CHU de Montpellier un centre soignant le refus scolaire anxieux, explique que ce phénomène n’est pas uniquement lié à la pression scolaire. Des causes très diverses conduisent au fait que « l’idée d’aller en cours tétanise des collégiens et lycéens qui aiment l’école ».
Ainsi Antoine, qui a terminé aux urgences suite à une banale interrogation orale d’anglais : « Aucun mot ne sortait de ma bouche, je tremblais, je ventilais… Et pourtant je savais ma leçon ! Mes camarades de classe pensaient que je faisais une crise d’asthme ou une crise cardiaque. Je ne les ai pas revus, j’ai été déscolarisé pendant six mois… »
Pour la fille d’Odile, une fois la phobie déclarée, toute la scolarité en milieu scolaire fut impossible. Et obtenir son bac fut, pour cette élève sérieuse, un véritable parcours du combattant.

Des causes diverses

Le docteur Ada Picard, pédopsychiatre et spécialiste de la question, résumait pour nous en janvier dernier les différentes causes pouvant conduire à une situation de burn-out ou refus scolaire : « Dans beaucoup de cas, elle fait suite à un (cyber)harcèlement scolaire. Elle touche aussi les enfants anxieux, perfectionnistes, introvertis, qui prennent beaucoup sur eux. Elle concerne également ceux ayant des troubles des apprentissages (tous les « dys »), de l’attention (TDA et TDAH), les enfants à haut potentiel, comme les autistes Asperger, par exemple, qui présentent souvent une hypersensibilité et qui peuvent se sentir agressés par les autres… »

Comment soigner le refus scolaire ?

Des solutions existent pour aider les jeunes en souffrance : il est possible de s’adresser à l’association Phobie scolaire et des structures dédiées existent telles le centre du docteur Hélène Denis ou le Centre Médical et Pédagogique (CM&P) du lycée Chateaubriand à Rennes.

Enfin, il faut savoir que « dans la grande majorité des situations, cet état [de refus scolaire] est transitoire » rassurait Luc Mathis, vice-président de l’association Phobie scolaire, dans une interview qu’il nous accordait en août dernier. Et il durera d’autant moins longtemps que la prise en charge est rapide, c’est-à-dire dans un premier temps retirer provisoirement le jeune de l’école, qui est un lieu de souffrance. Puis, mettre en place rapidement un travail avec un psychologue qui cherchera à identifier les causes de l’anxiété : harcèlement, trouble des apprentissages, anxiété de performance, ou même décès d’un proche ou phobie sociale. Une fois l’origine identifiée, il va s’agir de faire des propositions d’action : psychothérapies par la parole en cas de harcèlement, hypnose en cas de choc personnel… »

pour en savoir +
Association phobie scolaire
Vous nous ils 
Article Télérama

29 mars 2019

Pour une école de la confiance...

Lettre ouverte au ministre par les Co-présidents de la FCPE
Le projet de loi « Pour une école de la confiance » a considérablement évolué après son examen en première lecture à l’Assemblée nationale. Le texte de loi que nous avions pu consulter au niveau national et sur lequel nous avions pu nous positionner en Conseil supérieur de l’éducation n’est plus le même.
Au quotidien, les parents d’élèves que nous rencontrons ont de nombreuses interrogations sur ce projet de loi. Ils ne le comprennent pas toujours et se posent des questions sur l’évolution de notre système éducatif : ils ne parviennent pas à savoir comment certains mécanismes qu’ils connaissent vont se transformer, comment ils pourront adhérer à une loi qui leur paraît s’éloigner de leurs valeurs, de l’intérêt de leurs enfants.

Pour commencer, l’article 1 de ce projet de loi, tel qu’il est rédigé, ne rend pas justice au principe de coéducation défendu depuis longtemps par notre fédération, et pourtant inscrit dans les lois de 1989 et de 2013. En effet, le texte insiste surtout sur la notion de respect dû par les familles et les élèves à l’institution scolaire, sans que la réciproque soit autant affirmée, valorisée. Cet article place les parents dans une position de soumission vis-à-vis de l’institution. Pourquoi n’est-il pas dit explicitement que le respect dû aux familles est lui aussi essentiel à cette école de la confiance ?
En ce qui concerne la présence des drapeaux français et européen dans chaque salle de classe, là encore les parents s’interrogent. Quel est l’objectif de cette décision ? Des temps pédagogiques sont-ils prévus pour que les élèves appréhendent les principes de la République et de l’Europe que ces symboles véhiculent ? Avez-vous évalué le coût de cette mesure pour l’Etat et les communes ?


Les articles 2 à 4 de votre projet de loi concernent l’instruction obligatoire dès 3 ans. Aujourd’hui, selon les chiffres donnés par différents observatoires, ce sont quelque 20 000 enfants de 3 ans qui ne fréquentent pas l’école sur les 800 000 qui y sont scolarisés. Parmi ces 20 000 futurs élèves, certains seront scolarisés dans le privé, suivant le choix de leur famille. Pour les accueillir, les collectivités territoriales devront donc investir et financer des écoles maternelles de l’enseignement privé sous contrat. Avez-vous évalué l’impact financier de cette mesure ? Pourquoi avoir fait ce choix qui met à mal les finances publiques censées servir l’intérêt général, pénalisant ainsi les écoles publiques ? L’école publique manque déjà considérablement de moyens, pourquoi ce cadeau au privé ?
Les parents d’élèves que nous représentons sont inquiets de la généralisation des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL). Ne pensez-vous pas qu’un bilan des pôles expérimentaux déjà existants mériterait d’être davantage partagé pour mieux comprendre la raison de leur généralisation ?
Encore une année passée et les parents d’élèves ont l’impression que rien, ou si peu, n’est fait pour améliorer l’accueil des enfants porteurs de handicap. Verra-t-on enfin un plan massif dans ce domaine, susceptible d’impulser une véritable politique d’inclusion de tous les enfants dans le système scolaire ? Comment pensez-vous que vos nouvelles propositions permettront une meilleure inclusion de tous les élèves et prendront mieux en compte certaines affections, comme celle des enfants « DYS » ? Enfin, quels sont les éléments dans la nouvelle loi qui permettront une prise en charge individualisée des jeunes rencontrant des difficultés, comment allez-vous améliorer leur scolarisation dans des classes déjà surchargées et avec des « AESH » difficiles à recruter ? Les PIAL permettront-ils d’accélérer les procédures d’accompagnement des enfants relevant de la MDPH ? Le nouveau dispositif aura-t-il un caractère d’expertise et d’obligation pour les familles comme le permettait la MDPH ?
La possibilité introduite dans ce projet de loi de faire intervenir des assistants d’éducation (AED) sur des périodes d’enseignement ne doit pas être une mesure masquant la problématique des remplacements et du recrutement des enseignants. Cette mesure est incompréhensible pour les parents qui voient ainsi arriver des personnels insuffisamment qualifiés, car n’ayant ni encore passé de concours national de recrutement, ni suivi de formation d’enseignant. Les parents s’interrogent sur cette mesure qui mettra face à leurs enfants des jeunes enseignants non qualifiés et non formés, embauchés sous un statut précaire. Pourquoi ne pas plutôt favoriser le recrutement et la formation d’enseignants à part entière ?

L’article 6 institue la mise en place d’établissements publics locaux d’enseignement international (EPLEI) et les parents d’élèves s’inquiètent de ce dispositif. Certains alinéas posent pour nous de graves problèmes, notamment celui faisant référence à l’article L 421-19-10 qui concerne l’admissibilité des élèves. Aussi, pouvez-vous nous indiquer pourquoi un établissement public peut désormais choisir ses élèves dans le cadre non dérogatoire de la loi ?
Concernant les établissements des savoirs fondamentaux, les parents d’élèves entendent tout et son contraire sur ce nouvel établissement. Aussi, quel sera le statut des directeurs et directrices d’école ? Quelle gouvernance auront ces nouveaux établissements publics ? Comment se fera la liaison école-collège ? Qui fera le lien avec les parents ? Les écoles bénéficieront-elles enfin d’une personnalité morale propre ? Quid de la mutualisation inévitable des moyens, humains, financiers et en termes de bâti ? Quels seront les liens hiérarchiques entre ces nouveaux directeurs d’établissements et les équipes enseignantes ? Enfin, quel sera le périmètre de recrutement de ces futures cités scolaires ? Comment les jeunes enfants pourront-ils s’y rendre ?
Les parents s’interrogent aussi sur l’intérêt du Conseil d’évaluation de l’école. Quelles seront ses missions et sa plus-value par rapport aux instances existantes (Cnesco-DEPP) ?

Voici, Monsieur le ministre, quelques questions qui nécessitent des réponses factuelles et claires. Nous vous remercions par avance de votre diligence à nous répondre.
Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de notre très haute considération.
“Pour accueillir les enfants de 3 ans dans les écoles privées, les collectivités vont devoir investir. Autant d’argent qui n’ira pas vers les écoles publiques…”

Carla DUGAULT Co-présidente                     Rodrigo ARENAS Co-président